Hervé Ic, Le Creux de L’Enfer
par Bénédicte Ramade
paru dans l’OEil nº598, janvier 2008
Drôle de peinture que celle de ce scientifique, formé à l’image de synthèse et à l’intelligence artificielle, et passé à la peinture.
« C’est la vie qui m’inspire », l’histoire de l’art aussi, celle de la transparence surtout ; elle domine ses toiles réalistes. À 37 ans, Hervé Ic investit l’étage du centre d’art de Thiers avec son univers étrangement synthétique. Sa peinture, très figurative, n’a pas l’évidence de la narration, mais laisse échapper par des jeux de filtres évanescents une sorte d’angoisse prégnante. On n’est pas loin d’une ambiance apocalyptique d’une grande froideur.
Qu’il s’agisse de couchers de soleil ou de galeries de portraits inquiétants, l’art d’Hervé Ic verse dans un kitsch étrange. « Des rassemblements mimétiques sur fond d’explosions stroboscopiques et de fumigènes, des possessions tribales, les raves me sont apparues comme un cadre idéal d’expérimentation, celui d’un foisonnement libre, mais non gratuit, et chargé de signification. C’était la marque du refoulé, la mise en scène d’une guerre non vécue, mais émergeante […]. Pour moi, c’était une issue, un passage vers une nouvelle image en accord avec la réalité que je vois. »
Le jeune artiste livre aussi une série tout aussi étrange, Rodox, entre scènes polissonnes du XVIIIe siècle et pornographie des années 1970. Hervé Ic aime décidément manier l’éclectisme, privilège de l’« autodidactie » sans doute.