L’OCÉAN TRAVERSÉ
par Jacques Py, 2009
extrait du catalogue « On marché sur la Terre! », Centre d’art de l’Yonne, été 2009
A la traversée des océans, Hervé Ic répond par celle des images, comme si une appréhension de la peinture n’était possible que dans le franchissement de son épaisseur, niant la perspective classique au profit de la superposition des espaces projectifs qui nient les trois dimensions du monde physique. L’ubiquité de sa peinture nous propose le don d’être là et ailleurs au même moment, comme les technologies actuelles qui contracte l’espace-temps. On est placé simultanément dans le passé d’une référence artistique et dans le présent de ces images les plus récentes. « En art, l’immédiat est un caprice. Au contraire, l’histoire semble une source de variété extrêmement riche » dit-il. La toile est une surface de collusion des transparences et des télescopages, pris aussi au sens littéral du mot. La peinture vaudra pour ce que l’on voit d’elle, à travers elle. Tels des vaisseaux fantômes ou le galion du Secret de la Licorne, dans ses tableaux les navires sont les symboles de ces traversées plus symboliques que réelles. Lorsque leurs modèles sont suspendus au plafond d’une église, ils signent le lien entre l’aérien et le maritime, la foi et l’exploit, le prosélytisme et la découverte de nouveaux territoires. Même si ses batailles navales, mises en scène à partir des maquettes du Musée de la Marine, révèlent les appétits des nations, les guerres commerciales et idéologiques, réduire l’oeuvre d’Hervé Ic à une vérité unique est impossible car l’artiste vise surtout à charger son tableau d’images multiples traduisant la complexité du monde.
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On a marché sur la Terre !
auteur : Jacques Py
artistes : Gilles Balmet-Benoît Broisat, Miguel Chevalier, Valère Costes, Hubert Duprat, Éric Fonteneau, Hervé Ic, Andrew Lewis, Adrien Missika
édition : Centre d’art de l’Yonne, 13×18 cm, 72 pages, ISBN 2-912997-13-5, mai 2009