The plates of the present
photogram project Dust, organized by Thomas Fougeirol and Jo-ey Tang
par Maëlle Delaplanche
avril 2018
La représentation de la réalité, telle «une fenêtre ouverte par laquelle on puisse regarder l’Histoire» de Léon Battista Alberti1, est l’ébauche même de la perspective selon les découvertes humanistes de la renaissance italienne. Le tableau en est la parfaite métaphore via la technique de la peinture. Un médium qu’affectionne Hervé IC depuis d’ores et déjà plusieurs années en poursuivant une réflexion sensible sur sa conception de la lumière. Celle-ci viendra par la suite transpercer la toile et ce n’est plus la surface qui l’intéresse mais sa profondeur, il y déploie différentes structures connectées à des réseaux lumineux. De plus en plus obscures, presque fugitives, ces formes deviennent des conceptions mentales qui relèvent de l’esprit. Au delà de toute représentation, il nous fait percevoir une infinité d’ondes vibratoires du spectre lumineux, si cher à notre oeil.
Avec The plates of the present -sur une invitation des artistes Thomas Fougeirol and Jo-ey Tang à réaliser des photogrammes dans le cadre de leur projet «Dust2»- l’artiste Hervé Ic maîtrise la lumière par l’impression lumineuse sur une feuille photosensible. C’est une nouvelle manière d’appréhender la matière et c’est expérience immatérielle, le confronte directement à la physicalité de la lumière. Une nouveauté dans sa démarche qui lui permet d’explorer la sensation lumineuse à travers le positif/négatif et d’exposer sa recherche plastique à la source de ses préoccupations d’artiste. L’outil est simple et efficace, la pupille d’une lampe torche est utilisée comme lentille de projection et provoque une surexposition. L’image se brûle jusqu’à un certain point faisant apparaître un cercle noir comme la dimension du vide. La composition des éléments apparaît sous la forme de constellation de réseaux fragmentaires flottant dans l’espace du support et lui donnant sa présence. En s’affranchissant des codes de la peinture, Hervé Ic nous donne à voir une abstraction formelle au-delà de l’esthétique dans un espace temps donné empreint d’une poésie spatio-temporel. C’est dans le prisme du macrocosme que le regard se focalise alors.
1.Extrait de la Traité de la peinture, Léon Battista Alberti, 1435
2.Dust, invitation de Thomas Fougeirol and Jo-ey Tang à réaliser des photogrammes.